Brain Preserve
Jam jar, brain, formoldrehyde, 10 x 6 x 6 cm, 1995

 
Brain Conserve is an assisted ready-made. A lower leg is added to Plum's P : Blum. The artist, represented by his sole brain, is reduced to a trace in a "cabinet de curiosites" or a mass-produced supply. And when the work was exhibited for the first time, at the Zoo Galerie in Nantes, Blum was accomodated in a neighbouring village named 'Brains' ...

 
Disquieting Strangeness, Center for Freudian Analysis & Research, London/UK, 1998 (curated by Sharon Kivland)
Le couvert est mis, Zoo Galerie, Nantes/F, 1995 (curated by Patrice Joly)
Catalogue, Comment raser un donjon qui derange ?, A l'Ecart, Montreuil /F, 1994 (curated by Jean-Francois Guillon, Veronique Boudier & Pierre Ardouvin)


L'IRREDUCTIBLE SUBSTANCE, published in French in Journal Of The Centre For Freudian Analysis & Research, special issue, 2000

Le 14 avril 1930 à 10 heures 15, Vladimir Maïakovski se donnait la mort dans son cabinet de travail, situé Loubianski proezd 3, à Moscou. Vers 20 heures, le Pr Zyszytrkyczywsz-Sekrâwszkiwcz de l'Institut de l'Anatomie du Cerveau de Moscou prélevait le cerveau du grand poète de la Révolution pour l'étudier. Il pesait 1700 grammes, alors que le poids moyen d'un cerveau d'homme varie entre 1300 et 1350 grammes. Le génie colossal de Vladimir Maïakovski, concluait le savant, réside par conséquent quelque part dans les 350 ou 400 grammes qui le distinguent de l'homme ordinaire.
 
Lorsque la guerre éclata, les crédits alloués à l'Institut de l'Anatomie du Cerveau furent supprimés au profit de la recherche plus directement applicable par l'armée, et il fallut attendre 1945 pour que le Pr Zyszytrkyczywsz-Sekrâwszkiwcz puisse reprendre ses recherches. En décembre 1952, il parvint à isoler 30 grammes d'une substance blanchâtre localisée au creux de la face interne de l'hypothalamus. Non seulement aucun des autres cerveaux analysés par le Pr Zyszytrkyczywsz-Sekrâwszkiwcz n'en contenait mais, de surcroît, les tests habituellement opératoires de l'hydroquinone et de l'acide tétrique semblaient démontrer l'extraordinaire irréductibilité de cette substance.
 
En 1956, déstalinisation aidant, le Conseil National Suprême d'Ethique autorisa enfin l'expérimentation in vivo . Le Pr Zyszytrkyczywsz-Sekrâwszkiwcz put ainsi injecter un extrait soluble d'IS ("irréductible substance") dans le cerveau de trois volontaires - un poète, un maçon et un député, idéologiquement droits mais à qui le génie faisait défaut. La réaction fut identique chez les trois sujets : ils se mirent à répéter sans cesse "foutez-moi la paix, je suis Vladimir Maïakovski" et il fallut les envoyer travailler en Sibérie. Le Pr Zyszytrkyczywsz-Sekrâwszkiwcz, devenu entre-temps doyen de la Faculté des Sciences de Moscou, ne se remit pas de cet échec et mourut l'année suivante, sans que personne ne crût bon de publier le poids de son cerveau (1140 grammes).
 
Ce n'est qu'en avril 1993 - aux alentours du 14 - que ces recherches aboutirent . Les Pr Stars et Stripes, du laboratoire d'histologie analytique de l'Université de Cleveland, révèlent en effet une nouvelle qui risque de mettre un terme définitif aux recherches dans ce domaine : après prélèvement chez 995 sujets âgés de huit mois à dix-neuf ans, il s'avère que le cerveau du cochon pèse de 3200 à 4100 grammes, dont 405 à 465 grammes d'IS. La conclusion s'est donc imposée d'elle-même aux chercheurs américains : leurs 995 cochons étaient de 13,5 à 15,5 fois plus géniaux que Vladimir Maïakovski - dont ils n'avaient toujours pas lu une ligne.
 
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T. Stars & N. Stripes, Results about recent research in analytical histology of the south hemisphere of brain-storming and brain-drain, The New England Journal of Medicine, n° 346, mai 1993, pp. 1126-1152.